Le Coup du Père François (épisode 1) : Deux hommes dans un cimetière
FICTION POLITIQUE- Une nuit de février 2015, quelque part en France - où rien ne va plus - une voiture se gare le long d'un cimetière. Deux hommes en descendent
Un quidam qui, en cette nuit glaciale de février, se serait trouvé devant le cimetière de cette petite ville de province aurait été le témoin d'un spectacle bien singulier. S'engageant silencieusement dans la rue du Chail, une voiture s'arrêta devant l'entrée principale du jardin des morts. Avec des airs de conspirateur, son conducteur en descendit et scruta longuement l'obscurité. Pas âme qui vive l'horizon, pas un bruit. Il n'y avait que la nuit. Visiblement rassuré, notre homme se dirigea vers la porte arrière droite du véhicule et l'ouvrit. Un personnage de petite taille en sortit. Il fit le tour de la voiture, ouvrit la porte arrière gauche et aida lentement s'en extirper un homme de grande taille au regard fixe et au visage parcheminé. Portant sur lui le poids des années, ce dernier prit appui sur le toit de la voiture, tandis que l'autre s'adressait au chauffeur voix basse. «Nous en aurons pour une heure, pas plus. Surtout, que personne ne vous voie! Vous avez la clef?» Le chauffeur tendit une longue clef demi rouillée.
Dans un geste où il y avait la fois de l'affection, de la timidité, de l'égard et de la précaution, l'homme qui désormais tenait la clef dans une main prit par le bras son compagnon de voyage. Ils se dirigèrent pas lents vers la grille d'entrée. Tout en cheminant, le premier disait au second: «Nous allons marcher doucement. Tout ira bien. La tombe est trente mètres, sur la droite.» Après quelques secondes de cette marche nocturne, ils se trouvèrent devant la grille d'entrée. La clef tourna dans la serrure et la grille s'ouvrit dans un grincement qui aurait glacé le sang de notre quidam s'il avait été l . Mais il n'y avait personne. Les pavés du cimetière, les morts en dessous, l'obscurité partout, et deux silhouettes pas lents. Le petit homme, qui tenait (...)